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Bien que nous soyons le pays de la haine sociale, je trouve que nos médias ont été particulièrement discrets sur l'affaire des enregistrements des conversations téléphoniques des banquiers irlandais de la banque AIB ( Anglo Irish Bank).

Au cours de ces conversations, un des directeurs de la banque, John Bowe, directeur du service des capitaux explique hilare à un autre directeur, Peter Fitzgerald directeur des opération de détail, non moins hilare, comment l'AIB a décidé de berner le gouvernement irlandais pour sauver la banque de la banqueroute.

Vous noterez au passage qu'il n'y a rien d'extraordinaire à ce qu'une banque fasse banqueroute. Il lui suffit de suivre la route qui y mène directement en consentant le plus de crédits possibles avec ce "petit" risque d'alimenter la spéculation, de créer une "bulle" par exemple immobilière.

Nous le savons une banque est riche de ses créances, autrement dit des crédits qu'elle consent. Plus elle engrange de créances et plus elle grossit. Son but est d'atteindre le plus vite possible le seuil de masse critique où elle ne peut plus faire faillite au risque de déclencher une déroute bancaire, une crise systémique du système tout entier. Quand elle est en difficulté, elle n'a qu'à consentir encore plus de crédits. Les nouvelles créances servant à assurer ses besoins financiers. Nous frôlons le système de Ponzi ! Quand il s'avère que la banque a trop de créances pourries, autrement dit irrécupérables, elle n'a qu'à se tourner vers sa banque centrale pour couvrir ses besoins. Que risque ses dirigeants ? comme le disent nos charmants banquiers irlandais, tout simplement la nationalisation qui a le mérite de garantir leur poste et leurs émoluments puisque la banque est «too big to fail».

leur objectif est donc de ne pas affoler le gouvernement et de minimiser leurs pertes et leurs besoins financiers, en garantissant le remboursement de ce premier prêt. Donc nos susdits décident de ne réclamer en premier lieu qu'une petite somme, 7 milliards d'euros ! Les dirigeants sachant qu'il en faudra beaucoup plus. Une fois que le premier chèque aura été encaissé, l'Etat sera ferré : il faudra qu'il aille jusqu'au bout en continuant de régler les autres demandes de prêts pour éviter la faillite de la banque et de tout le système bancaire.

Pourquoi ce chiffre de 7 milliards ? Comme le dit un dirigeant hilare, (pendant toutes ces conversations téléphoniques ce qui caractérise nos acteurs c'est leur hilarité. Au fond, il n'est pas question de leur argent mais de celui des Irlandais, des Anglais et des Allemands ! Donc pas de quoi s'attrister ou même s'inquiéter !), parce que la semaine comporte 7 jours et que cela fait un milliard par jour ! En fait Bowe le dit dans la conversation : " Just, as Drummer would say, 'I picked it out of my arse' " Comme Drummer (David Drumm, qui était alors le directeur exécutif de l'AIB] le dirait lui-même, il est sorti de mon cul ". Le tout suivi d'un grand éclat de rire.

« Oui, et ils auront à investir beaucoup plus, reprend John Bowe. S’ils voyaient l’énormité de la chose d’un seul coup, ils pourraient se dire (..) que ce choix est trop lourd à porter pour le contribuable. Mais si ça ne paraît pas trop gros au début, gros mais juste ce qu’il faut pour être important (..) alors on a une chance. Donc, je pense qu’on pourra ensuite obtenir plus d’argent. »

John Bowe est un habile négociateur. Il obtient des autorités de « ne jamais avoir à rembourser » le prêt, " So, under the terms that say repayment, we say; 'No....' ", ce qui fait grassement rire les deux hommes. Ensuite, il indique à son collègue : « Est-ce que je pense que l’on pourra se débarrasser des problèmes financiers ? Non. Comment cela se finira-t-il ? Soit par un découpage et la vente des actifs, soit par la nationalisation. » et Bowe poursuit : " That would be fantastic; if it was nationalisationj we'd all keep our jobs ", " nous garderions nos jobs". Fitzgerald apprécie : " It would be fantastric wouldn't it ? " .Pour le reste les gouvernements britanniques et allemands sont très explicitement priés « d’aller se faire foutre » "go to hell".

L'avenir leur donnera raison : l’Etat garantira sans limite les dépôts bancaires irlandais, les 7 milliards deviendront 30 milliards d’euros avant que la banque soit intégralement nationalisée début 2009. Une évolution qualifiée de « fantastique » par les banquiers car elle leur permet de devenir fonctionnaires et de garder leur emploi…Et comme les autres banques irlandaises ont souffert de l' effondrement de l' AIB l’Etat a finalement injecté 64 milliards d’euros dans le renflouement de ses institutions financières.

Le tout garantit bien entendu par la BCE, autrement dit par l'Allemagne. Ce que Drumm confirme : " Ah, you're abusing that guarantee. Paying too much in Germany. et Bowe de se mettre à chanter " Deutschland, Deutschland, ubber alles ".

Vous comprenez donc les réticences, tant décriées en France, d'Angela Merkel et vous comprenez pourquoi ces retransmissions de ces conversations entre banquiers n'ont pas fait le buzz dans nos médias nationaux! elles ne justifient que trop le refus de l'Allemagne de la mutualisation des dettes qui récompenserez les politiciens incompétents et malhonnêtes et les banquiers insouciants et cyniques, pour ne pas dire plus !

Les banquiers sortent leurs chiffres de leur cul (picked their numbers out of their arse)
Les banquiers sortent leurs chiffres de leur cul (picked their numbers out of their arse)
Les banquiers sortent leurs chiffres de leur cul (picked their numbers out of their arse)
Les banquiers sortent leurs chiffres de leur cul (picked their numbers out of their arse)

En suivant les liens ci-dessous vous accéderez aux conversations téléphoniques entre ces fuckin' banquiers aspirant à devenir fonctionnaires dans la banque nationalisée qu'ils ont contribué à ruiner !

Tag(s) : #Banque
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