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Une grande victoire du gouvernement Français, le petit poucet Alstom passe sous le contrôle de l'ogre General Electric.

L'économie n'échappe pas à la mode.

Après les politiques de la demande, keynésiennes (Alléluia!) après la crise de 1929 et jusque dans les années soixante dix, a triomphé la mode de la politique de l'offre, libérale (Pouah!), vouée aux gémonies par notre actuel gouvernement.

De même en ce qui concerne les entreprises, il y a eu la mode des concentrations horizontales ( Une entreprise rachète toutes les entreprises qui fabriquent le même produit qu'elle) et verticales ( une entreprise rachète toutes les entreprises qui en amont lui fournissent les matières premières et les produits semi-finis dont elle a besoin et en aval toutes les entreprises qui vont utiliser ses produits finis notamment pour les commercialiser). Bien vite ces entreprises se retrouvent en situation de monopole ou d'oligopole leur permettant soit de se partager le marché pour ne pas se concurrencer et engranger d'énormes bénéfices ( oligopole) soit de contrôler entièrement ce marché dictant leur loi puisqu' aucune entreprise n'existe susceptible de les concurrencer. Les états ont eu conscience de ce danger. Là, c'est-à-dire aux Etats-Unis, où ces concentrations avaient le plus d'ampleur, des lois anti-trusts furent voter dès la fin du XIX ° siècle contre les barons voleurs ( robbers barons) les Morgan, Rockfeller, Carnegie, Vanderbilt, Ford...

Après la seconde guerre, la montée en puissance de l'économie japonaise caractérisée par l'existence de conglomérats, les keiretsu, formés d'une multitude d'entreprises diverses, généralement liées entre elles par des liens financiers tissés à partir d'une banque qui disposait d'un contrôle important sur les entreprises du groupe, agissant comme une entité de surveillance et un prêteur de court-terme ou long-terme, - a provoqué la mode de ce type de concentration, d'autant que ces conglomérats disposant de sociétés de commerce, les sōgō shōsha, ont pu conquérir le marché mondial. Parmi ces conglomérats on retrouve (Tiens ! Tiens!) Mitsubishi.

C'est ainsi que se sont formés des conglomérats dans tous les pays développés et notamment en France avec la CGE ( Compagnie générale d' Électricité) dont la création remonte à 1898, par regroupement de plusieurs sociétés de taille modeste ayant comme vocation de fournir de l’éclairage. Moins d’un siècle plus tard, elle etait devenue tentaculaire avec un pied dans la construction électrique, les câbles, les centraux téléphoniques et l’électronique (CIT ALCATEL), un autre dans la construction mécanique avec ALSTHOM (locomotives, turbines, compresseurs, chantiers navals, réseaux de distribution électriques et centrales thermiques classiques), un troisième dans les accumulateurs avec la SAFT, et enfin l’entreprise et les grands chantiers d’ ingéniérie clés en main avec CGEE qui deviendra CEGELEC. Notons que dès le départ la CGE s' e st tournée vers la technologie américaine.

Las, avec la crise, la mode du conglomérat est remplacé par la mode de l'entreprise spécialisée dans le métier où son savoir faire est prétendument dominant. Donc nos brillants technocrates, le rôle de l'état en France étant prédominant, colbertisme oblige, décident de diviser la CGE en trois entités distinctes : Alcatel, Alstom, Cegelec.

Je vous renvoie à l'article d' Elie Cohen : http://www.elie-cohen.eu/article.php3?id_article=101

qui vous révèle les errements de l' État et des PDG de CGE notamment de Serge Tchuruk qui aboutit à une première crise d'Alstom en 2003 et à son sauvetage par recapitalisation et à la crise actuelle où GE (General Electric) se propose de racheter Alstom. Or Général Electric au contraire de ce qui s'est passé en France avec le démantèlement de CGE est resté un conglomérat autour de 6 pôles d'activité sous la volonté de ses PDG qui ont résisté à la mode de l'entreprise spécialisée dans une seule activité et à la pression des fonds de pension intéressés par la vente par « appartements », par activités des conglomérats, très rentable à court terme, ce qui lui donne les moyens de racheter Alstom aujourd'hui et de renforcer sa position sur le marché Européen qui s'annonce très bénéfique avec notamment la fameuse « transition énergique » qui va stimuler de nouvelles activités liées à la production d'électricité, ( off-shore ou in-shore éolien par exemple). De longues négociations se sont nouées entre les directions des deux entreprises la française et l'américaine qui ont abouti à un accord, semble-t-il, gagnant-gagnant.

Patatras notre flamboyant ministre du redressement économique, pourfendeur de la satanique mondialisation, se scandalise du passage d'un fleuron de l'industrie française sous le contrôle des américains avec le soutien bien-entendu du fantôme de De Gaulle sorti de sa tombe pour morigéner le ministre afin qu'il stoppe cet abandon de souveraineté. Remarquons au passage que le PDG américain connaissant la sensibilité du gouvernement américain à toute cession d'entreprise représentant un danger pour la sécurité et la souveraineté des États-unis avait annoncé qu'il n'était pas question pour GE de contrôler l'activité de turbine nucléaire d' Alstom.

Néanmoins notre flamboyant ministre se lance, je n'ose le dire, tel Dom Quichotte dans la bataille contre ce rachat. Il s'aperçoit assez vite qu'il ne pourra conserver française Alstom, qui n'a pas la taille critique, notamment financière. Il se rabat après avoir été projeté par une aile du moulin de GE et une autre D' Alstom, dans les airs sur l'idée de la création d'un EADS ( Airbus) énergétique Européen en recourant au secours des compatissants allemands de Siemens qui est resté un conglomérat et qui s'associe avec Mitsubishi (Japonais?!) qui est resté un conglomérat, pour empêcher qu' Alstom qui n'est pas resté un conglomérat ne devienne américaine.

Las ! Patatras ! C'est un échec, l' EADS énergétique rêvée ne peut se réaliser, d'autant que la commission européenne soucieuse de défendre la concurrence n'aurait pas accepté cette alliance Alstom, Siemens, Mitsubishi, qui aurait formé sur le marché européen un monopole.

Néanmoins notre ministre triomphe arguant du fait que l' État reprend les actions de Bouygues et entre au capital d'Alstom avec une minorité de blocage. Il n'en reste pas moins qu'un des fleurons de l'industrie Française est devenu américain ! Et que l' État a deux ans pour racheter les actions de Bouygues a un prix de 35 Euros environ, auquel Bouygues tenait pour réaliser une bonne affaire. En attendant ce rachat, en ces soi-disant temps de restriction des dépenses, Bouygues prêtent ses actions pour que le gouvernement détiennent 20 % des droits de vote au sein de l'entreprise.

De plus GE accepte une pénalité de 50.000 euros par emploi non créé sur les 1000 embauches qu'il a promis de réaliser à la suite de son rachat d'Alstom.

Tout le monde est gagnant. La France grâce à notre fabuleux ministre de la reconstruction, les salariés qui voient leur emploi préservé, notre président qui va pouvoir avancer qu'il lutte avec efficacité contre le chômage en avançant l' assurance de GE de créer 1000 emplois dans un premier temps ( avec plus de 3 millions de chômeurs, c'est évidemment une avancée importante dans la lutte de notre président pour inverser la courbe du chômage ?!), mais surtout General Electric qui a réussi à acquérir le fleuron énergétique qu' elle convoitait.

D'où nous conclurons par ce théorème :

Moins l' Etat s'occupe de la gestion des entreprises mieux elles se portent.

Une grande victoire du gouvernement Français, le petit poucet Alstom passe sous le contrôle de l'ogre General Electric.
Tag(s) : #Mondialisation, #Libéralisme
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