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Craquements dans l'empire des Sombres

http://fablehaikus.over-blog.com/2013/12/craquements-dans-l-empire-des-sombres.html

Voici aujourd'hui

Le restaurateur des guerres anciennes

Il s'agit toujours pour moi d' illustrer cet incertain dans lequel nous vivons et aussi la solitude radicale des individus dans un Etat totalitaire mais aussi dans tout Etat même démocratique

*

Le restaurateur des guerres anciennes

*

L'un des plus grands bienfaits de l'empire des Sombres pour ses thuriféraires obligés

Que se devaient d'être les citoyens de l'empire et donc Forbes Techkrhein

Était la paix universelle que les Sombres avaient réussi à imposer à tous les peuples

Cette absence de guerre depuis des siècles était si naturelle

*

Que personne et pas même lui ne pouvait en concevoir les horreurs

D'autant que les chroniques qu'il avait à étudier

En tant qu'employé du bureau de la Restauration des Temps Anciens

Á la section « Guerres et Affrontements »

*

Étaient très lacunaires et imprécises dans leur évocation

Malgré paraît-il le grand nombre de ces guerres et leurs ravages

Á l'époque de la civilisation des machines arborescentes

Ce qui finalement avait conduit à la fin de cette civilisation et plus dramatique

*

Presque provoqué la disparition de l'humanité

Qui avait eu beaucoup de mal à s'en remettre

Parce que s'étaient créés après la « Grande Catastrophe » une multitude de royaumes

En perpétuel conflit les uns contre les autres

*

Avant que les Sombres grâces leur en soit rendu n'établissent leur empire et la paix

Et n'ordonnent la création de l'office de la Restauration des Temps Anciens

Pour démontrer aux citoyens à quel point ces nouveaux temps étaient une bénédiction

Et combien les lois qu'ils édictaient qui pouvaient apparaître comme trop sévères

*

Avaient pour unique but le maintien de la paix et de leur assurer une vie heureuse

C'est pourquoi la section « Guerres et Affrontements »

De l' office de la Restauration des Temps Anciens étaient considérée comme la plus importante

Ses membres choisis avec le plus grand soin et

*

Soumis à toute une série d'obligations

Dont l' une des moindres était de ne strictement rien dévoiler de leurs recherches

Avant d'en avoir reçu expressément l'autorisation

Sous peine de déportation dans les camps de travail de la mer des cendres

*

Or Forbes Techkrhein venait de recevoir le mandat d'étudier

Un ensemble des plus anciennes chroniques de l'empire des Sombres

Celui qui évoquait l'une des plus atroces guerres

Qui aurait opposé à cet âge des ténèbres

*

Les citoyens dits « normaux» qu'elles appellent Yankrs ou Yamqs ou Famks

Aux citoyens « difformes » qu'elles appellent Karbs ou Kambs ou Backs

Sans qu'il soit possible de savoir exactement de quelles populations il était question

Même si Forbes pensait que lui et les autres citoyens de l'empire

*

En étaient vraisemblablement les descendants

Guerre à la suite de laquelle les Karbs ou Kambs ou Baacks auraient obtenu

Le droit de se regrouper en caste des « hors-normes » comme de nos jours

De vivre libres avec les mêmes droits que les Yankrs ou Yamqs ou Famks

*

Dans les mêmes contrées de se mélanger avec eux dans les mêmes villes et quartiers

De se marier avec des hommes ou des femmes yankrs ce qui leur étaient interdits jusque là

D'avoir des enfants ce que l'on croyait impossible alors

Avant que l'on ne s'aperçoive que les couples mixtes

*

Au début rares puis avec le temps devenus nombreux

Pouvaient avoir des enfants

Ce qui dans un premier temps se révéla une source d'angoisse et même de réprobation

Pour les Yankrs ou Yamqs ou Famks rapportent ces chroniques

*

Sentiment qui avait perduré pendant des siècles dans l'empire des Sombres

Puisque le citoyen ou la citoyenne qui avait consenti à un mariage mixte

Continuait à être mal considéré parce qu'il elle contribuait

Á l'augmentation du nombre des « hors normes » au détriment des « normaux »

*

Jusqu'au moment où l'on avait compris que les « hors normes » avaient bien souvent

Des capacités non seulement physiques mais intellectuelles

Sinon morales

Au-dessus de celles des « normaux »

*

Raréfaction des normaux qui avaient donné aux femmes normales une aura

Qui n'avait cessé de se renforcer

Et qui perdurait aujourd'hui dans l'empire

Au fur et à mesure de la réduction relative de leur nombre

*

Ce que Forbes en tant que « Hors normes » qui avait épousé une femme « normale »

Était bien placé pour savoir

D'autant qu'elle lui avait imposé comme la loi le lui permettait un co-époux

Qu'il n'avait pu qu'accepter étant incapable de lui refuser quoique ce fût

*

Malgré son chagrin chaque jour un peu plus incommensurable

Au fur et à mesure qu'il constatait qu'elle préférait l'autre

Avec qui elle passait la plupart de ses nuits

En l'encourageant à ne pas rentrer chez eux et à dormir à son bureau

*

Ce qui faisait de Forbes un employé considéré comme modèle par ses chefs

Mais rejeté par ses collègues qui se sentaient eux aussi dans l'obligation de rester à leur bureau

Certaines nuits pour ne pas être mal notés

Périodiquement Forbes constatait la disparition d' un de ses rapports

*

Ce qui le retardait dans son travail et

Avait fini par le faire considéré certes comme un employé modèle mais un peu lent

Il n'osait s'en plaindre

Comme il n'osait avouer les raisons de son prétendu zèle excessif

*

La contrée où cette guerre aurait eu lieu se serait nommée

Comme Forbes avait pu le découvrir après plusieurs semaines de travail patient

La Karbalnibardie ou Kambalnibardie ou Baackbalnibardie

Les chroniques restaient évasives sur son emplacement et sur l' époque

*

Il avait conjecturé que l'emplacement

Devait vraisemblablement être au-delà de la mer des cendres dans l'hémisphère sud

Aucune date précise ne pouvait de même être avancée

Tout ce qu' il pouvait dire était qu'un jour funeste jadis la guerre avait commencé

*

Surgie disait-il dans un de ses rapports très appréciés

Tel un monstre prêt à dévorer tous les hommes

Parce que soit les Yankrs soit les Karbs

Avaient pris la décision d' ouvrir la porte de sa cage

*

Non seulement les chroniques ne pouvaient dire

Qui des Yankrs ou des Karbs avaient pris cette décision

Mais encore elles ne précisaient pas pourquoi

Quoique certaines les plus nombreuses penchassent pour la responsabilité des karbs

*

Et d'autres les moins nombreuses invoquassent comme raison de cette guerre

« La transparence » selon le terme sibyllin employé par elles

A laquelle les karbs auraient été condamnés par les Yankrs

« Transparence » impliquant leur « non existence » affirmaient-elles pour une fois plus précises

*

A moins que ce ne fût « la négation de leur humanité »

Au prétexte qu'ils étaient « hors normes »

Comme si l'humanité pensait Forbes avait à voir

Avec le fait d'avoir les mains palmées ou une peau kératinisée

*

Caractéristiques très courantes aujourd'hui d'un grand nombre de citoyens de l'empire

Et notamment de Forbes qui était un « hors normes» avec des mains à six doigts

Et une peau kératinisée que Myrdane sa femme au début de leur union

Aimait à parcourir de sa paume et qui aujourd'hui lui inspirait plutôt de la répulsion

*

Toujours est-il que Yankrs et Karbs avaient entrepris

De s'entre-tuer de se massacrer de s’éventrer de s’égorger de se torturer de se démembrer

De tenter de s'éliminer complètement

De la manière la plus féroce qui puisse être imaginée

*

Les Yankrs avaient donc arrêté de tuer de massacrer d'égorger de dépecer les Karbs

Disaient ces très anciennes et lacunaires chroniques de manière méthodique

De les dépecer en forme de rhomboèdres de cubes de cônes de sphères de pyramides de prismes

De cylindres de tétraèdres de parallélépipèdes

*

Empaquetés numérotés classés rangés les cônes avec les cônes les sphères avec les sphères

Les têtes avec les têtes les rhomboèdres avec les rhomboèdres les troncs avec les troncs

Les cylindres avec les cylindres les thorax avec les thorax les bassins avec les bassins

Ainsi de suite tous bien numérotés classés rangés dans des caisses

*

Transportées la nuit vers des contrées inconnues et enterrées en secret

Ou bien incinérés dans des bâtiments prévus à cet effet

Dont il faut dire que l'on n'a jamais découvert le moindre vestige

Ce qui jetait un doute sur cette affirmation

*

Partagée par Forbes comme il l'avait mentionné dans un de ses rapports

Donc les Karbs disparaissaient dans les ténèbres sombres et silencieuses

Emportés tous hommes femmes enfants vieillards

Vers ces destinations inconnues comme s'ils n'avaient jamais existé

*

De leur côté les Karbs tuaient massacraient émasculaient égorgeaient coupaient tranchaient

Les Yankrs en morceaux mais indiquaient une majorité de chroniques

Pas en rhomboèdres pas en tétraèdres pas en cubes pas en cônes ni en sphères ni en parallélépipèdes,

Simplement en bouts en bribes en débris en lambeaux en tessons en quignons en miettes

*

Ni empaquetés ni classés ni transportés vers des lieux inconnus

Mais laissés là ici au bord des chemins des routes des bas-côtés

Dans le jour qui se levait avec sa lumière encore mouillée de rosée

Au vu de tous plus tard dans la journée sous le soleil bruissant

*

Cette différence dans le traitement de leurs ennemis par chacun des deux peuples

Avaient été relevée par Forbes qui avait émis l'hypothèse d'une différence de stade technologique

Les Yankrs à un stade plus avancé parce qu' ils auraient hérité d'une partie de la technologie

De la civilisation des machines arborescentes et pas les Karbs

*

les Yankrs aussi tuaient massacraient faisaient exploser des Yankrs en mille morceaux

Qui s’éparpillaient déchiquetés ensanglantés

Dans une pluie de lumière de chaleur de poussière de sang de chair

Dans le bourdonnement des mouches

*

Au prétexte qu'ils refusaient cette guerre contre les Karbs qu'ils jugeaient injuste

Les revendications des « difformes » leur paraissant justifiées

Du fait de cette « Transparence » cette sorte de « non-existence » à eux imposés

Termes que Forbes avait fini par comprendre

*

En se référant au regard que lui lançait Myrdane de plus en plus souvent

Qui lui glaçait le cœur

Qui le transperçait comme si elle ne le voyait plus

Comme s'il n'était plus que l'ombre de son ombre

*

Item les Karbs tuaient massacraient égorgeaient émasculaient vidaient de leur sang des Karbs

Leur coupaient la langue

Que des chiens errants en troupe hurlante aboyante dévoraient

Au prétexte qu'ils désiraient pactiser avec les Yankrs

*

Toute la Karbalnibardie ou Kambanibardie sombrait dans la barbarie la sauvagerie

Les plantes devenaient carnivores

Affirmaient les chroniques peut-être de manière exagérée

Qui les décrivaient comme très belles très éclatantes avec leurs pétales rouges jaunes verts

*

Elles mâchaient puis avalaient des morceaux des débris de viande

Des tronçons de Yankrs ou de Karbs noirs de mouches

Et à chaque génération seraient devenues plus grosses plus acharnées plus vrombissantes

Au point de pouvoir dévorer vifs de jeunes enfants

*

« Devenue ainsi un pays de cauchemar la Karbalnibardie »

Mais étrangement beau vaste avec ses vallées qui vociféraient

Ses montagnes qui grondaient ses plateaux qui sifflaient

Ses Karbs et ses Yankrs qui pleuraient affirmaient les chroniques

*

Seul le Spharague recouvert du sable gris venu de la mer des cendres

A l'époque bien plus étendue qu'aujourd'hui

Échappait au désastre parce que vide de Yankrs

Et occupé seulement de quelques familles de « difformes » éparpillés dans son immensité

*

Libres insaisissables préservés du travail de destruction de dévastation de clochardisation

De « transparence » entrepris par les Yankrs depuis plusieurs décennies contre eux

Dans les contrées fertiles avec leurs champs géométriques rangés au cordeau où ils vivaient

Après la destruction de l'ancienne civilisation des machines arborescentes

*

La Karbalnibardie sombrait dans le malheur se vidait de sa vie

Ses plateaux grondaient ses vallées vociféraient

Ses pierres ses figuiers ses oliviers ses caroubiers geignaient affirmaient les chroniques

« Comme si un ogre les dévorait »

*

« Comme si une plante les enveloppait dans le voile noir de son parfum pour les étouffer »

Ses hommes ses femmes ses enfants les karbs les Yankrs pleuraient

Se vidaient de leurs larmes sans pouvoir les retenir

C’était cela la vie alors

*

« C'était cela cette guerre

La vie qui se vide de la vie

Le ciel muet la nuit hantée par les morts »

Forbes à la lecture de ces chroniques lacunaires de ce fait encore plus suggestives frissonnait

*

Pour tuer tous les Karbs les découper les empaqueter

les faire disparaître dans les nuits étoilées de ce pays ni vu ni connu

D’autres Yankrs étaient venus d’au-delà de la mer des cendres

Pour leur prêter main forte avec des machines compliquées

*

Celles de l'ancien temps des machines arborescentes

Avec des roues chuintantes des chenilles glapissantes

Des pieds articulés des bras articulés des plaques de blindage

« Comme d'énormes insectes cisailleurs »

*

Qui émettaient le fracas des forges du géant Murlor dans son château de fer

Hérissées d’armes automatiques de canons téléguidés de mitrailleuses électroniques

Aussi avec des avions étincelants qui lâchaient

Des bombes « intelligentes » qui explosaient sur les villages Karbs

*

Les pulvérisaient ne laissant qu’un nuage de poussière de Karbs

Avec des hélicoptères gracieux idem hérissés de mitrailleuses à infra-rouge à ultra-violet

Qui découpaient en pointillé tous les villages Karbs les hommes les femmes les enfants

Qui ainsi se vidaient de leur vie par ces décousures

*

« C’était cela cette guerre une immense décousure

Le grondement ininterrompu d’un géant en furie

Dans la forge de son château de fer

Qu'était devenue la karbalnibardie »

*

Les Yankrs contrôlaient la surface de ce pays de la mort omni-présente

Le ciel muet de ce pays qui se vidait de sa vie

Mais pas la surface ni

Les nuits peuplées du hurlement des morts devenus sauvages qui leur demandaient des comptes

*

Quant aux Karbs ils possédaient d’autres armes moins perfectionnées mais non moins tueuses

Si pas autant en une seule fois que celles des Yankrs

Ils s’enterraient creusaient des galeries des villes sous la terre

Des villes sous les villes des Yankrs

*

Ils étaient devenus un peuple souterrain troglodyte fantôme

Habitant des grottes des galeries des mines désaffectées

Ils traversaient à pied par ces galeries tout le pays pour surgir là ici

Au bout au bord du monde

*

Et tuer les Yankrs tout surpris

Ils tendaient aux Yankrs des pièges piégeant tout le pays

Chaque recoin chaque pierre chaque buisson chaque touffe d’herbe

Les Yankrs ne pouvaient plus marcher sur ce pays

*

Se déplacer sous peine de n’être plus que tronçons miettes de chair

Quand ils passaient outre ils explosaient en feu d’artifice de membres de tronçons de quignons

C’était cela cette guerre

Des êtres transformés en un ensemencement de membres ensanglantés

*

Les Yankrs se réfugiaient dans les airs pour mener la guerre

Depuis d'immenses plates-formes qui flottaient au-dessus de ce sol piégé

Ces plates-formes manœuvraient se déplaçaient lentement

Elles recouvraient de leur ombre les régions les montagnes les plateaux les vallées

*

Laissaient couler des rivières de plomb en fusion qui brûlaient tout calcinaient tout

« C’était cela cette guerre des flots de plomb fondu où grésillaient des morceaux de corps

Comme dans la cuisine infernale du château d’Ergromtre le rouge

Préparant son repas d'ogre »

*

Les Yankrs avaient rassemblé toutes les femmes les enfants les vieillards difformes

Les hommes difformes ayant disparu sous terre

Et les avaient placés sur des radeaux suspendus dans l’espace amarrés au sol par des filins

Entourés de barbelés électrifiés munis de miradors pour les surveiller

*

Les empêcher de voir leur mari leur père leur enfant les empêcher de les ravitailler

Pour interdire aux hommes Karbs de venir se reposer se réchauffer se soigner

Les Yankrs avaient ainsi contraints les Karbs

Les familles Karbes à quitter leur village pour les parquer dans ces camps flottants

*

Semblables sans doute à ceux où avait été placés empaquetés numérotés autrefois

Dans l'ancienne civilisation des machines arborescentes tout un peuple mystérieux

Dont on disait qu'il avait survécu et qu'il survivait dans l'empire aujourd'hui

Qu'évoquent certaines autres chroniques qu'il est interdit de consulter qui parlent des « têtes de pierre »

*

Les normaux continuant leur œuvre de mépris envers les difformes

Qu'ils avaient expulsé en bordure de la contrée pour ne plus les voir

Pour aimer seuls cette contrée la Karbalnibardie eux seuls la bâtissant soi-disant

les Karbs se contentant soi-disant de les regarder de creuser

*

De déplacer les décombres les gravats de transporter les cailloux

Les routes les villes construites par les Yankrs seuls soi-disant

les Karbs se contentant silencieux en haillons muets de transporter transparents

De déplacer les pierres le sable le ciment sur leur dos

*

Les Yankrs cultivant seuls ce pays soi-disant plantant leurs plantes l’enrichissant

les Karbs se contentant de creuser le sol pour manger quelques racines quelques céréales

Ne sachant pas cultiver soi-disant repoussés sur les bords incultes de ce pays

Sur les marges délabrées des villes aux extrémités des champs au bout transparents

*

S’entassant là ici en haillons tout poussiéreux silencieux et donc finissant par se révolter

Selon les chroniques cette guerre emportait tout

Elle charriait des débris de vie des morceaux de souvenirs des visages blêmes des enfants perdus

Des photos de famille des lettres délavées une boue de secrets révélés

*

C’était cela cette guerre

Des mots des pleurs qui s’éteignent dans la brume et qui emportent votre vie

Mais à la fin la déraison du plus fort ne l’emportait pas

Les Karbs gagnaient cette guerre

*

Les chroniques ne révélaient pas comment

Peut-être parce que les karbs avaient le droit pour eux mais

Comment savoir dans une guerre qui à la justice le droit pour lui

Peut-être parce qu'ils étaient plus durs plus résolus plus cruels

*

Peut-être parce que la providence était pour eux

Peut-être parce que les Yankrs savaient qu'ils avaient eu tort de refuser aux Karbs

Sous prétexte qu'ils étaient différents les droits qu'ils s'étaient arrogés pour eux

Les Karbs finalement étant des hommes si pas comme eux d'aspect

*

Des hommes qui pleuraient qui suppliaient qu'on ne les tue pas

Qui suppliaient qu'on les achève à cause de la souffrance insoutenable qui les dévorait

Qui perdait le même sang rutilant que le leur quand à leur tour ils étaient blessés

Et qu' à leur tour ils suppliaient qu'on ne les tue pas

*

Ou qu'on les achève à cause de la souffrance insoutenable qui les dévorait

Ce même sang qui noircissait sous le soleil de la karbanibardie comme le leur

Cette même chair que les mouches en essaim s'empressaient de dévorer

Finalement cette même souffrance authentiquement humaine

*

Ce même vide dans leur cœur à la perte d'un être cher

Ces mêmes larmes irrépressibles qui roulaient sur leur visage

Ces mêmes fantômes qui la nuit venaient les harceler jusqu'à les faire hurler d'impuissance

Cette même pitié qui parfois les envahissait devant la douleur d'une mère avec son enfant mort dans les bras

*

Finalement les karbs gagnaient cette guerre

Inexplicablement selon les chroniques mais Forbes avait son idée

Des Karbs contre les Yankrs des Yankrs contre les Karbs

Des Karbs contre les Karbs des Yankrs contre les Yankrs

*

Fous de joie dans les cris les pleurs d’allégresse

Les youyous de leurs femmes voilées tatouées

Les difformes descendaient des extrémités des bouts des bords des marges

Remontaient de l’envers pour occuper le centre l’endroit de ce pays-ci la karbalnibardie

*

En chantant en criant en riant en haillons en pantalons retenus par des ficelles

Ils n’étaient plus muets plus silencieux plus courbés plus discrets plus transparents

Ils étaient tout d’un bloc entiers opaques dressés droits ici là

Au centre au milieu à l’endroit de leur pays la karbaknibardie les vrais Karbs de vie de chair de joie

*

Point tous massacrés les Yankrs n’ayant pas réussi voulu ne pouvant pas tous les massacrer

Les Yankrs aimant les hommes en fin de compte du moins une majorité d'entre eux

Et en fin de compte au bout sachant y compris

Disent les chroniques le sorcier victimeur Proronski sans doute le chef des Yankrs

*

Que les difformes étaient des hommes

Et les traitant comme tels ne les tuant pas tous

Ne pouvant les tuer tous les exterminer

Comme autrefois dit-on avant l'empire des Sombres

*

Du temps de la civilisation des machines arborescentes

Un peuple avait tenté de le faire pour un autre peuple

Sous la direction d'un autre sorcier victimeur

Dont le nom fort heureusement avait été oublié

*

Les Karbs donc tout joyeux heureux ivres de joie de cris de fatigue de lumière de poussière

De paix revenue descendus des bouts des extrémités

Remontés de l’envers pour occuper l’endroit de leur pays la Karbalnibardie et

les Yankrs alors les Yankrs désespérés pleurant

*

Quittant le centre le milieu l'endroit de ce pays-ci de leur pays aussi la karbalnibardie

En pleurs en larmes ivres de fatigue de lumière de cris silencieux muets courbés

En longues colonnes de plusieurs milliers de lieues

De femmes en pleurs d’enfants en pleurs d’hommes en pleurs

*

Emportant avec eux une armoire un coffre un morceau de leur champ de leur maison

La fenêtre par où pendant des années ils avaient vu leurs enfants revenir de l’école

La porte d’où avait surgi il y a longtemps leur mari qui rentrait d'une autre guerre

Un morceau de tuile rouge de mur blanc de toit d'ardoise bleu

*

Sous lequel ils avaient fêté leur vingt trente quarante cinquante années de mariage

Une pile de carreaux de la chambre où était né leur enfant le coffre de leur grand-tante

L’armoire du grand-père arrivé dans cette contrée pour faire repartir la civilisation

Qu’il avait construite lui-même avec des arbres qu’il avait lui-même abattus

*

les Karbs se contentant de le regarder et de les transporter jusqu’à l’atelier de menuiserie

Ce pays la Karbalnibardie qu’ils étaient obligés de quitter à cause de leur chagrin

A cause d’eux-mêmes de leur injustice pensait Forbes

Emportant un fourre-tout de rires de pleurs de sentiments

*

De souvenirs précieusement conservés jusque là emportant une marmite

Une cruche remplie de la terre qu’ils foulaient tous les jours

Des photos très photographiques des trois ou quatre générations de leur famille

Qui avait vécu ici là dans ce pays d’où ils partaient sans espoir de retour pensaient-ils

*

Des colonnes et des colonnes de Yankrs qui transportaient leur vie leur mémoire

Leurs morts leur maison leur terre une route un quartier des arbres des pierres des ombres

De la chaleur de la lumière des ruines des odeurs épicées tout pêle-mêle

Entassés dans des glisseurs surchargés véritables arches de Noé qui ployaient

*

Sous l’entassement de ces portes ces fenêtres ces cheminées ces malles ces valises

Toutes ces colonnes files de Yankrs passant au milieu des cimetières

Qui accomplissaient un long détour pour passer au milieu des tombes

Où leurs parents leurs fils leurs amis leurs morts étaient ensevelis

*

Pour leur dire un dernier au revoir un ultime adieu

Tous hommes femmes enfants vieillards s’arrêtant devant ces tombes un moment

Prenant un morceau de tombe le fourrant dans leurs bagages

Alourdissant à la limite du supportable leur cœur

*

Avant de se rendre dans les gares pour embarquer quitter définitivement ce pays

Tout un peuple partant pour l’exil

Pour où les chroniques ne le précisaient pas

S’efforçant d’emmener un peu de son pays de son identité de sa mémoire

*

Tout cela très triste

Qui n’était qu'injustice

Comme écrit dans certaines de ces anciennes chroniques

Pas toutes

*

Sans que leurs auteurs d'origine Yankrs ou Karbs

Plus vraisemblablement Yankrs

Précisent pourquoi puisqu' ils étaient incapables de dire les raisons de cette guerre

Si évidentes pour d'autres pour Forbes aussi

*

Pour Forbes désespéré aussi ne comprenant pas pourquoi il était devenu si transparent aux yeux de Myrdane

Ne comprenant pas l' exil auquel elle le condamnait comme une évidence

Qui se creusaient la tête avec les ongles de son désespoir jusqu' au sang puis

Qui se coupait la gorge dans un terrain vague derrière des palissades à l'abri de ce regard qui ne le voyait plus

***

Rapporter son verre au comptoir d'un bar, un geste condamnable ? Cette question, en apparence saugrenue, est au coeur d'un conflit qui oppose la gérante d'un bar de Locmiquélic et l'Urssaf. L'administration lui réclame 9.000 € pour travail dissimulé.

http://www.letelegramme.fr/ig/generales/regions/morbihan/urssaf-rapporter-son-verre-au-bar-un-travail-dissimule-18-12-2013-2342024.php

*

Axiome libertarien n°1

aucun individu ni groupe d’individus n’a le droit d’agresser quelqu'un en portant atteinte à sa personne ou à sa propriété.

Par conséquent l'impôt payé sous la contrainte est une agression, un vol, " il s'ensuit que l'Etat qui subsiste par l'impôt, est une vaste organisation criminelle, bien plus considérable et efficace que n'importe quelle mafia "privée" ne le fut jamais

Murray Rothbard

*

Modeste proposition pour réduire le chômage de masse en France sous l'égide de M. Filoche membre du bureau national du PS

Modeste proposition pour réduire le chômage de masse en France sous l'égide de M. Filoche membre du bureau national du PS

Tag(s) : #Empire des Sombres, #Etat-providence, #Libéralisme
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